Un chiffre qui défie la logique : en France, près de 40 % des grands-parents partagent moins d’un moment par mois avec leurs petits-enfants, selon l’Insee. Pourtant, sur le terrain, des collectivités persistent à faire vivre des ateliers de jeux où enfants, adolescents, adultes et seniors se retrouvent, toutes générations confondues.
Dans certains établissements scolaires, le jeu partagé s’inscrit désormais dans le projet pédagogique. Des classes de primaire accueillent les retraités du quartier pour des séances ludiques régulières. À l’autre bout du spectre, des maisons de retraite constatent qu’une rencontre autour d’un jeu réduit nettement le sentiment de solitude chez leurs résidents.
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Le jeu intergénérationnel, un lien précieux entre les âges
Rassembler autour d’un jeu, c’est ouvrir un espace où la rencontre se fait sans filtre. Autour d’un plateau, d’un jeu de cartes ou d’un puzzle, les barrières d’âge s’effacent. Les enfants se révèlent, les adultes découvrent d’autres facettes de leur famille, les aînés reprennent leur place dans l’échange. Les jeux de société, mais aussi les jeux collaboratifs, sont le terrain idéal pour fédérer toutes les générations, sans pression, sans chronomètre.
Un jeu collaboratif, c’est l’entraide qui prévaut sur la victoire individuelle. On réfléchit, on s’écoute, on se donne des astuces. Cette dynamique apporte bien plus qu’un simple moment agréable : elle solidifie les liens, nourrit la confiance, ravive la mémoire collective et le plaisir d’être ensemble. Les plus jeunes puisent dans l’expérience de leurs aînés, tandis que ces derniers redécouvrent le plaisir de transmettre.
Les maisons de retraite qui ouvrent leurs portes aux enfants du quartier en sont le meilleur exemple. On y voit des mains tremblantes lancer des dés, des rires fuser lors d’un « memory » partagé, des histoires surgir d’une partie de dames. Les enfants, souvent moins intimidés qu’on ne le pense, apportent une énergie communicative. Les aînés, eux, transmettent anecdotes, astuces et parfois même un peu de leur histoire familiale.
Pour illustrer la diversité des apports du jeu, voici trois aspects qui reviennent souvent lors des rencontres intergénérationnelles :
- Les jeux collaboratifs stimulent l’esprit d’équipe et la confiance mutuelle.
- Les jeux traditionnels font revivre les souvenirs et perpétuent les coutumes.
- Une activité ludique partagée devient le point d’ancrage entre toutes les générations présentes.
Ce tissu de relations, une fois créé, ne se limite pas à la famille. Il s’étend à l’entourage, au voisinage, et fait naître des échanges souvent inattendus. Parfois, un simple jeu de cartes pose les bases d’un dialogue ou d’une complicité nouvelle, là où on ne l’attendait pas.
Pourquoi les activités partagées favorisent-elles la compréhension mutuelle ?
Quand jeunes et moins jeunes se retrouvent autour d’un jeu de société ou d’une activité culturelle, la conversation prend de l’ampleur. On sort des discussions banales, on s’intéresse à l’expérience de chacun, à ses souvenirs, à ses manières de voir le monde. C’est là que les liens intergénérationnels prennent toute leur dimension : ils font tomber les clichés, favorisent l’écoute, et créent de nouvelles passerelles entre visions du monde.
Le jeu agit comme un révélateur : poser une question sur une règle, évoquer un souvenir lié à un jeu ancien, ou même découvrir un jeu vidéo avec un petit-fils, tout devient prétexte à la curiosité et à l’échange. Les plus jeunes initient parfois les seniors aux nouveaux supports numériques, inversant ainsi la dynamique habituelle de la transmission.
Voici quelques bénéfices concrets issus de ces moments partagés :
- Les activités partagées encouragent l’écoute active et l’empathie.
- La transmission s’effectue dans les deux sens, chacun partageant à la fois ses savoirs et ses découvertes.
- Les échanges intergénérationnels ouvrent l’esprit et bousculent les idées reçues.
En partageant une table de jeu ou en participant à une activité créative, on découvre autant de points communs que de différences, sans jugement. Ce sont ces instants, vécus sans enjeu, qui nourrissent la compréhension et le respect mutuels.
Des bienfaits concrets pour chaque génération
Le jeu intergénérationnel ne se contente pas de créer de la convivialité. Il agit directement sur le bien-être, à tout âge. Les personnes âgées, en particulier, y trouvent un remède efficace à l’isolement. Participer à une partie de cartes ou à un atelier ludique leur permet de stimuler leur mémoire, de s’exprimer, de se sentir reconnues et valorisées. À l’inverse, la présence des plus jeunes insuffle un vent de fraîcheur, une dynamique positive et un regard neuf sur la vie quotidienne.
Pour les enfants et les adolescents, ces rencontres ne se résument pas à recevoir des leçons. Ils grandissent dans l’échange et la confiance, profitent de l’expérience de leurs grands-parents, et se sentent considérés comme des interlocuteurs à part entière. La bonne humeur, la curiosité et le sentiment d’appartenance à une histoire familiale se renforcent.
Voici ce que ces échanges apportent, génération après génération :
- Les liens intergénérationnels stimulent la mémoire et entretiennent la vivacité d’esprit.
- Les compétences et expériences se transmettent, enrichissant le quotidien de chacun.
- Le soutien affectif s’exprime pleinement : les grands-parents rassurent, les petits-enfants apportent leur enthousiasme.
Au final, la famille se retrouve soudée par des moments simples, mais porteurs d’une énergie collective qui laisse une trace durable.
Des idées de jeux pour créer des souvenirs ensemble
Les jeux de société restent le terrain de prédilection pour réunir autour de la table toutes les générations. Qu’il s’agisse de s’affronter gentiment au Uno, de coopérer dans des jeux collaboratifs ou de réfléchir ensemble à une stratégie, chacun y trouve son compte. Les astuces se partagent, les souvenirs remontent, parfois une règle de grand-mère vient pimenter la partie. Collaborer, c’est aussi redécouvrir le plaisir de gagner ensemble.
Redonner vie aux jeux traditionnels, c’est offrir aux plus jeunes une plongée dans un patrimoine souvent méconnu. Les dominos, la marelle, la pétanque ou les jeux de cartes ouvrent la porte à des gestes et à des histoires transmises de génération en génération. Les activités manuelles telles que la pâte à sel, le bricolage ou même la création de carnets de souvenirs réveillent la créativité et permettent d’apprendre les uns des autres, sans barrière d’âge.
Des initiatives fleurissent un peu partout : dans les crèches, des rencontres intergénérationnelles sont organisées régulièrement. À la micro-crèche Tom et Josette, seniors et tout-petits se retrouvent pour des ateliers créatifs. Le collectif Silver Geek propose des ateliers jeux vidéo où adolescents et personnes âgées partagent le goût du jeu numérique. « 2 minutes ensemble », imaginé par Raphaëlle de Foucauld, propose des idées de jeux rapides pour renforcer la complicité au quotidien. D’autres acteurs comme Cogivia, Grand-Mercredi ou Game Older continuent de prouver que le jeu est un formidable vecteur de lien familial, à la fois simple et puissant.
Au fil d’une partie, d’un éclat de rire ou d’une règle transmise, c’est toute une famille qui se soude, une histoire commune qui s’écrit, génération après génération. Qui sait, le prochain souvenir marquant pourrait bien naître autour d’un simple jeu partagé.























































