GIR 4 : Qui y a droit et quelles conditions ?

8
Femme d'âge moyen et aidante souriantes à la table

Les chiffres ne mentent pas : être classé en GIR 4, c’est se retrouver dans une zone grise où l’accès à certains dispositifs d’accompagnement s’arrête net, tandis que l’APA reste envisageable, mais sous conditions. Selon le département, les critères d’attribution varient, et avec eux, la prise en charge. Résultat : d’un territoire à l’autre, les disparités se creusent et les réponses ne se ressemblent pas.

Le classement en GIR 4 repose sur une évaluation normée, comparable d’un département à l’autre. Mais la grille n’efface pas l’humain. Derrière chaque dossier, une équipe médico-sociale prend le temps d’observer, d’écouter les détails du quotidien, de peser les possibles. Le verdict ne tombe jamais au hasard : plafonds et protocoles s’appliquent, mais chaque plan d’aide garde la trace de l’histoire et du parcours de la personne concernée.

Comprendre le GIR 4 : un niveau de dépendance souvent méconnu

Le GIR 4 ne signifie ni totale indépendance, ni perte complète de repères. C’est la zone de transition où tout ne vacille pas, mais où certains gestes clefs, la toilette, les transferts, s’habiller et se lever, deviennent des obstacles. Les personnes classées en GIR 4 parviennent encore à gérer nombre de tâches seules, mais l’accompagnement pour les actes essentiels du quotidien ne se discute plus.

La grille AGGIR, toujours en première ligne, décortique l’autonomie sur tous les plans : mobilité, alimentation, hygiène… Si une personne sait encore faire sa cuisine ou prendre ses médicaments, mais ne peut plus franchir seule l’étape du bain ou du lit, alors le GIR 4 apparaît comme l’évidence. Ce classement, loin de figer les profils dans une case, permet d’actionner des solutions sur mesure, sans imposer un modèle unique.

Vivre en GIR 4 ne condamne à aucun style de vie figé. Chacun reste libre d’habiter chez lui, de rejoindre une famille d’accueil, d’envisager une résidence autonomie, de préférer un habitat inclusif ou d’entrer en établissement. Plusieurs alternatives concrètes s’offrent alors :

  • le maintien à domicile, possible dès lors que l’on bénéficie de services d’aide adaptés,
  • l’accès à une résidence services seniors,
  • un séjour temporaire ou de long terme en EHPAD ou USLD, selon l’évolution de la situation.

Cette diversité des solutions respecte autant le parcours que la volonté de la personne. Les groupes iso-ressources reposent précisément sur cette idée : proposer une aide à juste mesure, sans surprotection ni absence d’attention.

Comment le GIR 4 est-il évalué et qui peut en bénéficier ?

L’accès au GIR 4 se fait via la grille AGGIR, outil incontournable pour évaluer finement la perte d’autonomie. Partout en France, ce sont ces critères qui encadrent la démarche. Une équipe médico-sociale du département intervient à domicile, tandis qu’en établissement, le médecin coordonnateur prend le relais avec cette même grille.

Douze variables sont analysées dans le détail : cohérence, orientation, transferts, toilette, habillage, alimentation, élimination, déplacements à l’intérieur et l’extérieur, communication à distance… La question est simple : que peut-on réaliser sans aide, que faut-il déléguer ? En GIR 4, les tâches mentales et ménagères restent possibles, mais l’accompagnement dans l’hygiène ou les déplacements s’avère indispensable.

L’équipe propose ensuite un plan d’aide personnalisé, ajusté aux besoins concrets identifiés. Seules les personnes relevant des GIR 1 à 4 peuvent prétendre à l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). Pour les autres (GIR 5 ou 6), des dispositifs spécifiques sont mobilisables auprès des organismes de retraite ou de la municipalité. Tout est encadré réglementairement pour garantir l’équité et l’adéquation entre le degré de dépendance et la réponse apportée.

GIR 4 et allocation personnalisée d’autonomie : quels droits et montants espérer ?

Être classé en GIR 4 donne accès à l’APA, un soutien mensuel versé par le conseil départemental. Ce financement sert justement à couvrir l’accompagnement nécessaire au quotidien. Parmi les prestations pouvant figurer sur le plan d’aide, on retrouve :

  • l’aide à domicile,
  • la livraison de repas,
  • la téléassistance,
  • les travaux d’adaptation du logement,
  • l’accueil temporaire, lorsque cela s’impose.

Le plafond de l’APA GIR 4 atteint 797,96 € mensuels en 2025, que la personne vive chez elle ou en établissement. Mais le montant effectivement alloué dépend du plan d’aide réel et des revenus du bénéficiaire. En pratique, la moyenne versée s’établit autour de 456 € par mois.

La participation financière varie fortement : on ne contribue rien en-deçà de 918,29 € de ressources mensuelles. Au-delà de 3 381,82 €, la charge peut grimper jusqu’à 90 % du coût du plan d’aide. Selon les cas, les sommes sont versées soit directement à la personne, soit à ses prestataires d’aide à domicile. En établissement, l’APA prend en charge une part du tarif dépendance, qui s’adapte à la fois au classement GIR et à la situation financière.

Pour renforcer l’APA, d’autres aides peuvent intervenir. Parmi les plus fréquemment mobilisées, on peut citer :

  • le crédit d’impôt de 50 % pour les dépenses d’aide à domicile,
  • la réduction d’impôt de 25 % sur les frais d’hébergement (dans la limite de 10 000 € par an),
  • l’aide sociale à l’hébergement (ASH),
  • les aides au logement (APL, ALS),
  • les prestations des caisses de retraite.

L’allocation personnalisée d’autonomie n’est soumise ni à l’impôt, ni à une quelconque récupération sur succession. Quant aux proches aidants, ils peuvent aussi, dans certains cas, accéder à des droits spécifiques pour le répit ou lors d’une hospitalisation du bénéficiaire.

Travailleur social discutant avec un senior à domicile

Les démarches à suivre pour obtenir l’APA en GIR 4, étape par étape

Demander l’APA en GIR 4 commence par un dossier à déposer auprès du conseil départemental. On peut se procurer ce dossier auprès de la mairie, du CCAS, ou encore via le site du département. Il faut généralement joindre une pièce d’identité, un justificatif de domicile, un avis d’imposition et parfois un certificat médical récent.

Une fois le dossier complet envoyé, le conseil départemental mandate une équipe médico-sociale. Celle-ci se rend sur place, au domicile ou en établissement, afin d’évaluer précisément la situation. Chaque geste du quotidien est analysé, depuis les transferts jusqu’à l’alimentation, l’habillage ou l’hygiène. Le but : mesurer avec exactitude la perte d’autonomie et estimer les besoins à couvrir.

Cette visite aboutit à la rédaction d’un plan d’aide personnalisé, réalisé en concertation avec la personne âgée et sa famille. Y sont détaillées les solutions proposées : aide à domicile, portage de repas, travaux d’aménagement, téléassistance… Ce plan précise aussi le montant attribué au titre de l’APA, ainsi que la participation financière attendue, calculée selon les ressources déclarées.

La réponse du conseil départemental arrive sous deux mois. Si la décision paraît inadaptée, il reste possible de saisir le conseil départemental pour faire valoir sa situation. Durant toute la procédure, le proche aidant peut intervenir à la place de la personne, pour préparer le dossier ou la représenter en cas de difficulté à se déplacer ou s’exprimer.

Arrivé là, on comprend que le GIR 4 n’enferme pas dans une case, il bouscule les certitudes sans jamais enlever la curiosité d’une vie qui se réinvente. Les solutions d’aujourd’hui ouvrent la porte à d’autres réponses demain,à nous collectivement d’imaginer celles qui viendront soutenir cette fragilité en mouvement.